Laurence Lebedinsky-Pollet
Sage-femme spécialisée dans les troubles du sommeil
9 févr 2021

Pourquoi vous ne devriez pas culpabiliser de mettre votre enfant au lit

🕓 Temps de lecture : 3 minutes

👩‍⚕️ Article rédigé par : Laurence Lebedinsky-Pollet (sage-femme)

Avant d'être parent, vous pensiez galérer avec la diversification, vous arracher les cheveux pour trouver une nounou... Mais culpabiliser ? Vous n'y aviez pas pensé. Pourtant, comme beaucoup (trop) de parents, un sentiment de culpabilité diffus s'est immiscé dans votre quotidien pour des raisons plus ou moins justifiées, y compris à l'heure du coucher ! Vous êtes perfectionniste, et vous voulez bien faire. La preuve en trois situations plus courantes qu'on ne pourrait le croire.

Article mis à jour le 22/7/2022

Mettre votre enfant au lit

😵 Bébé au lit : le Fomo

Ou la peur de louper quelque chose, en anglais !

Vous devez coucher votre enfant, mais vous l'avez à peine vu 1 heure entre le bain et le biberon... Résultat : vous vous en voulez !

Le problème : ****le mode de vie des parents est souvent difficilement compatible avec les rythmes d'un tout petit, a fortiori les premiers mois.

Résultat : le temps de rentrer du bureau, de le chercher chez la nounou ou à la crèche et il vous reste finalement peu de temps ensemble avant le coucher...

Accepter de mettre l'enfant au lit

Pour prendre du recul, adoptez deux mantras :

  • "Ce n'est pas la quantité, mais la qualité de temps passé ensemble qui compte" et favorise le lien ! Une heure par jour, c'est donc déjà bien... à condition de n'être centrés que sur votre bébé pendant ce créneau partagé. Votre mot d'ordre : ranger les portables et autres écrans, mettre en place des rituels pour le coucher, mais aussi le repas et la toilette (massage, jeu, etc.) et être pleinement disponibles pour votre bébé.
  • "La nuit se prépare le jour !" Pour qu'il dorme bien la nuit, votre bébé a besoin d'échanges, d'affection et de repères en journée. Si vous vous voyez peu le soir, n'hésitez pas à le réveiller 30 minutes plus tôt le matin et à prendre le petit-déjeuner avec lui, par exemple. En revanche, nous vous déconseillons de le coucher plus tard parce qu'après tout "on ne s'est pas vus de la journée"... Votre bébé vous manque, mais vous risquez de favoriser l'apparition d'une carence en sommeil, ce qui aura tendance à l'exciter.

Vous n'arrivez pas à l'apaiser... Et évidemment, vous vous remettez en question !

Le problème : vous avez mis votre bébé au lit, mais rien n'y fait : il pleure et malgré vos efforts, rien ne le console.

Résultat : vous avez l'impression de mal vous y prendre, ou pire encore, d'être incompétents. Ce qui n'est évidemment pas le cas.

Arrêter la culpabilité

Pour prendre du recul, posez (-vous) les bonnes questions :

  • Le sommeil de votre bébé est comme le vôtre : il peut être perturbé par des phénomènes extérieurs / exceptionnels. Une grosse journée ou une chute chez la nounou, un changement d'éducatrice à la crèche, des tensions autour de lui... Tous ces aléas peuvent affecter la qualité de ses nuits. Avant même de rentrer à la maison, n'hésitez pas à vous renseigner : y'a-t-il eu des événements notoires pendant sa journée ?
  • Son sommeil peut aussi évoluer en fonction du développement psycho-affectif. Par exemple, s'il apprend à parler ou à marcher, qu'il a eu peur de tomber ou n'a pas réussi à se faire comprendre, il peut être amené à ressasser sa journée au moment du coucher ! N'hésitez donc pas à faire régulièrement le point dans ce sens. Est-il à un stade où son rythme de sommeil ou son attachement évolue ? Est-il en phase de grand apprentissage ? Certes, il peut alors être plus agité qu'à l'accoutumée, mais rassurez-vous : tout cela est passager.
  • Il n'arrive pas à s'apaiser une fois au lit ? Procédez par élimination pour identifier ce qui pourrait le gêner. A-t-il la couche mouillée, faim, trop chaud / trop froid ? Fait-il une poussée dentaire, a-t-il de la fièvre, semble-t-il ressentir une douleur ou une gêne ? Il suffit parfois d'un rien pour perturber le coucher. Mais si le problème persiste, n'hésitez pas à faire le point avec un professionnel de santé (sage-femme, pédiatre, etc.).
  • Si votre bébé pleure ou n'arrive pas à s'endormir, c'est peut-être simplement qu'il a été couché après sa phase d'endormissement. En d'autres mots : il a raté le train du sommeil. Il va donc sûrement falloir prendre votre mal en patience et attendre un nouveau cycle de sommeil (entre 50 et 60 minutes selon l'âge du bébé). Toutefois, pour éviter que la situation ne se reproduise, n'hésitez pas à bien repérer les signes de fatigue. Se frotte-t-il les yeux ? Est-il grincheux ou au contraire hyper-excité ? Baille-t-il ? Si oui, c'est le moment de le coucher sans traîner. Un bon repère : après trois bâillements, il vous reste environ 10 minutes pour le coucher et ne pas rater le train : allez hop, en gare !

Vous n'avez pas "fait comme il fallait"... Vous êtes donc à deux doigts de faire un Mea Culpa.

Le problème : en matière de parentalité, il y a la théorie et la pratique. Et parfois, la théorie (les conseils, voire les consignes des professionnels, des instances sanitaires, des grands-parents, des amis sur rodés à la parentalité) peine à être mise en application une fois qu'on a un bébé dans les bras ! Face aux recommandations, voire aux injonctions, on culpabilise souvent.

Prendre soin de vous

Pour prendre du recul, pratiquez le self-love et le discernement :

  • Commencez par vous féliciter (et faire confiance en votre instinct de mère) ! Vous connaissez votre bébé mieux que personne et du haut de votre expérience (même courte) vous savez ce qui lui convient le mieux, notamment à l'heure du coucher. Alors certes, ce n'est peut-être pas exactement ce qui est conseillé, mais ça marche !
  • Montez au créneau. Les (bons) conseils de votre mère empreints des recommandations d'il y a 30 ans, les constats inutiles des amis ("le mien, à 3 mois, il faisait déjà ses nuits...") nourrissent tous le sentiment de culpabilité, d'autant plus quand la fatigue et le manque de repères s'installent. Votre mission : envoyer le parent le plus confiant au front pour rappeler (avec insistance s'il le faut) aux experts auto-proclamés que vous gérez la situation et êtes accompagnés par des professionnels de santé.
  • Restez prudents. Faire de (petites) entorses, de temps en temps, aux recommandations ? OK. Mais attention à ne pas lui donner de mauvaises habitudes qui pourraient davantage complexifier le moment du coucher (endormissement au sein ou dans les bras, rituels sans cesse allongés). Par ailleurs, veillez à garder à l'esprit que certaines règles sont inflexibles. Le couchage sur le dos, dans une chambre à la température adaptée (19°C), dans du matériel sécurisé, l'absence de couette, oreiller, peluches (jusqu'à 6 mois au moins)... Tous ces gestes garantissent la sécurité de votre bébé.
Laurence Lebedinsky-Pollet
Sage-femme spécialisée dans les troubles du sommeil

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